FAUTEUIL « DE REPRESENTATION » en hêtre doré, le dossier à fronton sculpté de ri...


FAUTEUIL « DE REPRESENTATION » en hêtre doré, le dossier à fronton sculpté de rinceaux terminés par des enroulements et une rosace, surmonté d’une coquille. Les montants en pilastre sommés de disque-rouleau sont ornés d’une feuille de lotus, d’une palmette et d’une étoile. Les accotoirs à manchette attachés au pilastre par un enroulement sont supportés par des griffons ailés. La ceinture légèrement cintrée présente en façade de larges branchages de laurier affrontés, de par et d’autre d’un fleuron central et de deux autres aux extrémités , les ceintures latérales sont décorées de trois fleurons. Il repose sur des pieds en sabre terminés par des enroulements intérieurs, les pieds antérieurs sculptés d’une feuille nervurée à la partie supérieure. Attribué à Jacob-Desmalter Époque Empire (reprise à la dorure, restaurations) H : 104,5 - L : 66 - P : 56 cm Provenance : - Collection particulière - Vente Fontainebleau 5 décembre 2010 Par sa forme et son décor sculpté, ce fauteuil est à rapprocher des fauteuils dits fauteuils de représentation faits pour les salles du Trône de Napoléon Ier. Les indications relevées sur ce fauteuil sont une étiquette sur laquelle on peut lire "BR 1", et une étiquette sur laquelle est inscrit " A.J. PAR…" et "H.M EMBASS.." , Il est tentant d'évoquer pour les deux étiquettes la résidence de l'ambassadeur du Royaume-Uni à Paris: l'hôtel de Charost acheté par le Duc de Wellington en 1814 à Pauline Bonaparte. Un premier inventaire avait été rédigé en 1811 aujourd’hui disparu. A cette occasion, des étiquettes en forme d’écu avec des numéros d’ordre avaient été apposées sur les sièges et sur les meubles. Un second inventaire est dressé lors de la vente de l’hôtel en 1814 1 : « Grand salon velours ponceau Grand canapé à chimère sculpté & doré, glands et franges avec deux oreillers velours ponceau….3 Quatre tête- à- têtes à chimère……………………………………………………………………….….……4 Six grands fauteuils pareils aux tête-à-tête…………………………………………………….…………...6 Six fauteuils moyen pareils à ces derniers……………………………………………… .……… …….….6 Douze chaises pareilles……………………………………………………………………………………...12 Cinq tabourets à chimère en X sculpté & doré……………………………………………………………5 Tous ces meubles sont couverts en velours ponceau galonné en or fin………………….. » Un troisième inventaire, aujourd’hui disparu, a lieu en 1831, enfin, un quatrième inventaire est dressé en 18412, tous les meubles et objets d’art reçoivent alors une marque au feu « B.E.P » surmontée d’une couronne pour British Embassy, Paris. La description trop sommaire de l’inventaire de 1814 et les étiquettes trouvées sur ce siège ne permettent pas son identification. Une autre hypothèse a été envisagée à partir d'une mention manuscrite du précédent propriétaire : il a acquis ce fauteuil en 1970 directement auprès de Laetitia Ney (1940-2005). Descendante du Maréchal Michel NEY (1769-1815). L’inventaire après décès, du maréchal Ney 3 dressé le 27 décembre 1815 en son hôtel situé 74 et 76 rue de Bourbon, ne décrit aucun fauteuil de façon suffisamment précise pour pouvoir l'identifier. La seule mention pouvant être mise en relation avec ce fauteuil serait : " dans le grand salon éclairé par 3 croisées sur la terrasse donnant sur le quai 2 canapés avec 4 oreillers en plume, 4 bergères avec leur coussin, 14 fauteuils, 3 tabourets en X , le tout en bois doré foncé de crin et recouverts d'une étoffe cramoisi brodé en argent……1400 fr " Ce fauteuil est à rapprocher des sièges de représentation suivants répertoriés et localisés : Dans la Salle du Trône du Palais impérial des Tuileries, se trouvent en 1804 : le fauteuil du trône, six fauteuils, six chaises et trente-six tabourets ployants. Pour des raisons d’étiquette, l’agencement des Salles du Trône est modifié en 1806, il ne reste plus que deux fauteuils de représentation, principalement réservé à l’Impératrice et à S.M.I. Madame Mère de l’Empereur, et les trente-six tabourets ployants. Toutes les chaises du Palais des Tuileries sont remisées au Garde-Meuble et quatre des fauteuils sont à proximité, en cas de nécessité imprévue. L’inventaire de 1809 enregistre le retour, depuis 1807, des six chaises du Garde-Meuble pour l’usage des princesses de la famille impériale. Selon l’étiquette impériale, lorsqu’il y a des dames dans la Salle du Trône, le Chambellan doit veiller à ce « qu’il y ait des fauteuils pour LL. MM., des chaises pour les Princesses, et des tabourets pour les dames. » (Titre II, chapitre Ier, article XI) 4. Seules la Dame d’Honneur de l’Impératrice, la Dame d’atours et les dix Dames du Palais ont le droit de pénétrer dans la Salle du Trône. L’étiquette impériale précise également que « LL. MM. étant placées sur leur trône, les Princes et les Princesses s’asseyent sur des plians. » (Titre IX, chapitre II, article XII) 4. Il existe une note non datée (Archives Nationales 02507, dossier 13, pièce 2) proposant, entre autres, douze ployants supplémentaires pour le Palais des Tuileries. La Salle du Trône au Château de Saint-Cloud a un caractère moins solennel que celle du Palais des Tuileries. Le fauteuil du Trône, sert à la cérémonie du Sacre à Notre-Dame de Paris, le 2 décembre 1804 et ne revient pas à Saint-Cloud. Déposé au Mobilier impérial à Paris, il est utilisé pour toutes les cérémonies officielles, où siège l’Empereur que ce soit à Notre-Dame ou autres lieux. Les sièges de représentation, presque identiques à ceux des Tuileries et du même nombre, sont livrés par Jacob-Desmalter, le 16 décembre 1804. En 1806, pour les mêmes raisons d’étiquette, quatre des fauteuils et les six chaises sont supprimées. Des six fauteuils de représentation réalisés pour Saint-Cloud, un seul est répertorié et conservé au Mobilier National (GMT 1306). Napoléon ordonne à Leroy à l’automne 1807, de créer une Salle du Trône au Château de Fontainebleau. Aménagée dans l’ancienne chambre du Roi, cette salle du trône, vient dans l’ordre hiérarchique, après celle du palais impérial des Tuileries. Le fauteuil du trône de Saint-Cloud est restauré et installé, le 14 septembre 1808. Les autres sièges sont prélevés du Garde-Meuble et datent tous de l’Ancien Régime. Le fauteuil du trône de Fontainebleau est déplacé pour des cérémonies officielles tel l’anniversaire du Sacre à Notre-Dame, le 2 décembre 1809, le mariage de Napoléon et Marie-Louise, le 1er avril 1810 à Saint-Cloud et le 2 avril au Palais du Louvre. Un fauteuil de représentation provenant du Corps Législatif, est placé dans la tribune réservée à l’Impératrice Joséphine puis à l’Impératrice Marie-Louise, il est conservé aujourd’hui au musée des Arts décoratifs de Paris (Inv.14422, don manuel de la Chambre des Députés, le 22.11.1907) Peu de détails diffèrent des fauteuils de représentation des Salles du Trône du Palais impérial des Tuileries et de celui de Saint-Cloud. Cependant on ne peut déterminer, en l'état actuel des recherches effectuées et publiées, si le fauteuil du Corps Législatif serait un exemplaire supplémentaire réalisé par Jacob-Desmalter ou s'il a été prélevé parmi les fauteuils de représentation de la Salle du Trône des Tuileries ou plus vraisemblablement de Saint-Cloud. Installé au Corps Législatif en 1805, il ne porte aucune marque d'inventaire du Garde-Meuble. Tableau Récapitulatif et étude comparative Les sièges de représentation connus à ce jour, caractérisés par des similitudes aussi bien dans l’architecture du siège que par le riche décor sculpté: Un des six fauteuils des Tuileries (coll. privée)- vente Piasa 17 juin 2008, n°150, vente Sotheby’s Londres 7 juillet 2009 n°66, puis 17 octobre 2018 n° 17. Un des six fauteuils de Saint Cloud (Mobilier National GMT 1306) alors que les six fauteuils sont rentrés au Garde-Meuble en 1826. Fauteuil de la tribune de l'Impératrice au Corps Législatif (Musée des Arts Décoratifs- Paris, inv. 14422) Et le fauteuil que nous présentons. Quelques détails diffèrent selon les exemplaires Sur le fronton, la palmette centrale du dossier plus ou moins en saillie, Présence de la palmette de feuille d'acanthe sur les montants du dossier juste au-dessus de l'accotoir ou pas Légère variante dans la crinière des griffons ailés supportant les accotoirs Nombre de fleurons sur les ceintures latérales (cinq ou trois) volutes terminées par des enroulements surmontant les pieds palmette sur la face du pied antérieur sculptée de nervures ou pleine Il est à noter que : bien que présentant quelques petites différences les fauteuils de représentation des Palais des Tuileries et de Saint Cloud sont mentionnés exactement avec la même description dans un même inventaire, mémoire de Jacob Desmalter, d’après les plans, coupes et élévations donnés en grand par MM Fontaine et Percier, daté du 25 frimaire an XIII (16 décembre 1804), certifié de Lefuel, Conservateur du Mobilier National: Six fauteuils, richement décorés de chimères sculptées sur les côtés et dont les queues se terminent en rinceaux avec fleurettes , dans la pièce de devant, est une palme sculptée entre deux bandes, dans les pièces de côtés sont des fonds-plats, les pieds de devant sont étrusques, ornés de feuilles antiques et de cannelures , les pieds de derrière sont des pilastres sur lesquels sont sculptés des ornements en rinceaux, culots, palmettes terminés par une étroite bande et un rond avec coussinet pour recevoir une fleur en bronze, le cintre orné d’une feuille-d’eau, sur lequel est un fronton à double enroulement avec culot, tigette et palmette au milieu, les fauteuils en noyer sculptés et dorés avec la même perfection que le trône …..900………5 400 5. Deux réflexions s’imposent à la lecture de cette description : il apparaît qu’un des deux sièges est en hêtre et non en noyer et que leurs pieds postérieurs ne sont pas en pilastres mais étrusques ou sabres démontrant ainsi qu’il peut toujours exister une variante entre la théorie et la réalisation sans que nous en connaissions toujours la raison. Ces sièges de représentation, comme les trônes correspondent à une recherche de majesté. Dans les palais, les fauteuils pour les princes ont des dossiers droits, plus hauts que la normale, surmontés d’un fronton élément adopté sous l’Empire pour la plupart des sièges à caractère solennel à double volute, avec des tambours à patères au-dessus des pilastres6 On retrouve aussi des similitudes dans les fauteuils livrés par François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter en 1804-1805 pour la chambre de l’impératrice Joséphine (et ensuite Marie-Louise) au palais de Saint Cloud7 et l’influence incontestable, principalement dans l’architecture du dossier, sur les fauteuils livrés par Marcion en 1813 pour le 3e salon des appartements de l’impératrice Marie-Louise au palais de Monte Cavallo8 De nouveaux palais impériaux sont crées au gré des voyages et des impératifs politiques : à Mayence, à Laeken en 1804. Pour ce château l’ébéniste Marcion exécute pour la salle du trône en 1806 : 2 fauteuils en bois de hêtre grand modèle très richement sculpté, les pieds de devant tournés à chapiteau, les pieds antérieurs tournés et sculptés, l’accotoir en crosse supporté par les feuilles des chapiteaux avec différents ornements de rinceaux, de branches de palmier, de feuilles de myrte et de frise de fleurons et de palmette… à 320f l’un…..640 Ils sont recouverts de velours de soie bleu de roi, tissu fourni par la veuve Germain Le tapissier Susse confectionne les rideaux et recouvre en plus des deux fauteuils, trente ployants et un paravent de six feuilles.9 En 1813, Rome, deuxième capitale du grand empire voit le Quirinal rebaptisé château de Monte Cavallo : la salle du trône est aménagée pourvue de deux fauteuils 10, sans plus de précision. Des fauteuils de modèle comparable sont reproduits sur la toile datée 1837 de Nicolas Grosse (1787-1878) intitulée «L'entrevue d'Erfurt, 27 septembre - 14 octobre 1808» 11: Napoléon Ier reçoit le baron Vincent, diplomate autrichien et envoyé de l'empereur d'Autriche . Il est vraisemblable que le peintre ait choisi, rétrospectivement en 1838 de représenter ces sièges solennels de style Empire étant donné leur importance avérée et ce encore sous la Restauration. Auraient-ils été transportés du palais des Tuileries ou de celui de Saint Cloud à Erfurt : cela semble peu probable12. L’absence de marque au feu et de n° d’inventaire au pochoir permettent d’éliminer la provenance d’un palais impérial français, restent deux hypothèse à prouver : - Palais de Stupinigi ? Si une note peut attester un projet, une commande, une livraison comme pour le trône dont on mentionne le projet précis de réalisation. - Corps législatif étant donné que le fauteuil de représentation connu ne présente pas de marque de cette institution le fauteuil étudié aurait-il été commandé, et non utilisé et remisé ? Compte tenu du contexte international et des mesures de précaution appliquées, les Archives Nationales sont désormais d’un accès compliqué Quant aux archives du Corps Législatif, celles conservées aux Archives Nationales ne correspondent pas à la recherche. Celles (non accessibles au public) et dépendant de la division du patrimoine de l’Assemblée Nationale ne sont pas classées donc pas consultables. Notes : 1 - J.N Ronfort & D. Augarde, « A l’ombre de Pauline, la résidence de l’ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris », éd. CRHME, 2001 2 - Conservé au Victoria & Albert museum 3 - MC/RS/1075 le 27 décembre 1815 4 - « Étiquette du Palais impérial », Imprimerie Nationale – Paris, germinal An XIII. Titre II – Chapitre I – Article XI et Titre IX - Chapitre II - Article XII. 5 - AN : O2 498 et O2 558 6 - SAMOYAULT Jean-Pierre : «L’ameublement des salles du trône dans les palais impériaux sous Napoléon I», Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art Français, année 1985-1987 pages 185 à 206. (INHA) 7 - Ancienne collection Hubert de Givenchy 8 - A.N : O2 669 9 - A.N : O2 722 10 - A.N : O2 669 11 - Musée national du Château de Versailles et des Trianons, MV 1734, INV 4980, LP 3677 12 - AN 138 AP 91 (1-2-3) fonds Daru, Daru intendant général de la grande Armée) ne permettent pas de le démontrer


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